Quelques faits

La SACEM, une forme d'esclavage moderne ?

Le contrat qui lie un artiste à la SACEM est un contrat viral/contagieux : un artiste qui s'inscrit à la SACEM pour une unique œuvre se trouve lié à la SACEM pour le reste de sa vie et pour toutes les œuvres qu'il n'a pas encore créées.

Autrement dit, l'auteur n'a plus le choix de faire ou non gérer ses œuvres par la SACEM : la SACEM a acquis ce droit et l'impose jusqu'à la mort de l'auteur.

Un exemple concret ?

Il y a quelques temps, un artiste est venu à ERASME pour accompagner une classe dans une démarche artistique. Dans ce cadre, une chanson a été créée. ERASME a demandé à l'artiste s'il était d'accord pour que cette chanson soit diffusée librement par ERASME selon une licence Creative Commons. L'artiste était d'accord. Mais, après vérification juridique, ce n'était pas possible parce que l'artiste était adhérent à la SACEM.

Vous avez dit : « injuste » ?

Sommes reversées aux auteurs

Quand sur les plateformes de téléchargement légal on trouve un morceau de musique à télécharger pour 99c, combien vont à l'auteur/artiste ?

Qu'est-ce qui serait juste d'après-vous ? D'après moi, ce serait un minimum de 70%. Après tout, c'est lui qui fait œuvre créatrice. Les intermédiaires font le reste. Mais aujourd'hui, avec Internet, l'artiste pourrait le faire seul...

Merci d'avoir lu cet excès de Bizounours (voyage en utopie). En fait, l'artiste va toucher 1c, soit moins de 1% du prix de vente. Avec un CD, il touchait 5 à 7 fois plus. Mais une clause du contrat le liant aux intermédiaires stipulait que ce taux pouvait être changé en cas de changement de support... Manifestement, la négociation a été en faveur des intermédiaires...

Légalité et moralité

D'après ce que nous venons de voir, nous avons

  • d'un côté des intermédiaires entre les artistes et le public qui pratiquent des méthodes douteuses à la limite du racket organisé.
    Mais dans la plus stricte légalité (et avec la bénédiction de l'état qui récupère la TVA sur tous ces échanges marchands sur facturés)
  • de l'autre un public dont les finances ne sont pas infinies, qui doit faire des choix, et qui fait souvent celui de télécharger, et parfois d'acheter ou d'aller à un concert ou au cinéma
  • et au milieu, des artistes qui ne comprennent pas tous ce qui se passe, mais qui voient bien que plus ils ont de fans, plus ils ont de spectateurs à leurs concerts.
    Qui voient aussi que l'essentiel de leurs revenus, c'est au contact du public, pas ce que la SACEM peut reverser (en moyenne, 20€ par an et par artiste)...

Pour un homme intègre, cherchant le droit et la justice, il y a de quoi devenir schizophrène :

  • il serait légal de pratiquer le racket des artistes
  • il serait légal de pratiquer l'esclavage des artistes
  • il serait illégal de partager la culture
  • il serait illégal de faire connaître aux autres ce qu'on aime

La technique aussi est surprenante : il n'a jamais été aussi facile de dupliquer une œuvre, et tout est par ailleurs mis en œuvre pour nous empêcher de disposer librement de ce que nous avons acheté légalement (cf le DRM qui empêchent de pouvoir prêter une œuvre comme on prêtait avant un livre...).

Alors, l'homme intègre, épris de justice n'a qu'un choix : celui de basculer dans l'illégalité...

... Tout en regrettant amèrement de :

  • ne pas avoir de moyen simple de manifester sa reconnaissance aux artistes qui nourrissent son âme
  • de ne pas être dans un État lui permettant d'être à la fois moral et dans la légalité.